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L'Autre séance
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13 mai 2014

A la rencontre des Eastern boys jeudi 15 mai

Sujet dérangeant, mise en scène tourneboulante et virtuose, refus du psychologisme facile, jeu sur les genres cinématographiques… Eastern boys, le film de Robin Campillo que L'Autre séance vous propose de découvrir jeudi 15 mai à 20h au Vox n'est pas un film consensuel puisqu'il aborde avec audace et sans "bons sentiments" des sujets comme l'immigration, la prostitution, l'homosexualité, la solitude… Mais c'est un sacré moment de cinéma  comme le reconnaît l'essentiel de la presse…

 

EASTERN BOYS

Un petit résumé : Daniel (Olivier Rabourdin), quinquagénaire manifestement assez aisé, aborde Marek, un "Eastern boy", un gamin immigré d'Europe de l'Est, lors d'une première séquence quasi documentaire tournée à la Gare du Nord à Paris. Il finit par l'inviter à le retrouver chez lui le lendemain sans s'imaginer que cette pulsion sexuelle va le mener tout droit dans un piège, orchestré par "Boss", le petit caïd de la bande à laquelle appartient Marek. En une minute, Daniel passe du statut de prédateur plus ou moins moral, à celui de victime impuissante d'un chantage et d'un cambriolage en règle. Une ambigüité qui va se retrouver dans la relation qu'il entretient par la suite avec Marek, mélange de domination et de romance…

 

Les avis de la presse :

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Pierre Murat, Télérama : "Un film original, ambitieux, constamment sur le fil de l'inattendu et de l'ambiguïté. Rien n'y est prévisible, tout semble s'y dérober sans cesse. Se métamorphoser. A commencer par la sexualité, presque crue, d'abord, entre les deux hommes, qui se mue peu à peu en affection. En attachement. En éducation sentimentale. Et c'est cet amour imprévu et incongru qui poussera, plus tard, Daniel à dépasser sa médiocrité. A se transfigurer, si l'on ose dire, pour s'en aller, au péril de sa vie, sauver cet amant, devenu bien plus qu'un objet de désir."

Isabelle Régnier, Le Monde : "La première chose qui frappe dans Eastern Boys, fiction qui naît de la rencontre entre un quadragénaire homosexuel, plutôt branché, et un jeune immigré russe sans papier, c'est justement l'originalité, l'ampleur et la formidable efficacité de son récit. Thriller en mode mineur qui distille sa tension anxiogène par petits jets, ce film pose une question dont l'enjeu est aussi bien esthétique que politique : comment la rencontre de deux corps étrangers peut-elle provoquer celle de deux mondes qui s'ignorent ? Comment ce qui aurait pu n'être qu'une vulgaire passe, oubliée aussi vite qu'elle s'est déroulée, va-t-elle entraîner un bourgeois parisien dans la réalité violente d'une petite frappe originaire d'Europe de l'Est ? Comment ce personnage va-t-il glisser d'un rapport consumériste au corps à une relation de pleine reconnaissance de l'autre ? Comment cela va-t-il l'acculer, finalement, à faire des choix politiques qui engagent tout son être  ?"

Sophie Grassin, Le Nouvel Observateur : "Architecturalement impressionnant, visuellement élégant, Eastern Boys a l'indéniable mérite de fuir les héros

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empathiques et les discours préfabriqués pour sonder les corps, jouer avec la peur sans pour autant négliger d'interriger l'éthique du spectateur."

Benoît Smith, Critikat.fr : "Eastern Boys fait penser à un lointain cousin urbain de L'Inconnu du lac, en ce qu’il aborde ouvertement l’amour comme une prise de risque sérieuse, un plongeon mortel, nécessitant de sortir définitivement de sa zone de confort. Sa différence est que son personnage principal, contrairement au baigneur de Guiraudie, est bien réticent à franchir ce pas, bien qu’il ne puisse y échapper. Laissé complètement désarmé par le piège et le vol dont il est victime, au point de laisser soupçonner qu’au fond ces événements réalisent un souhait secret (la scène, baignant dans des pulsations de musique électronique et faisant tremblant le reflet du héros dans un miroir, a quelque chose de sensuel), il n’a cependant de cesse, avant et après, de se chercher des garde-fous hiérarchiques contre ses propres inclinations."

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Christophe Kantcheff, Politis : "Eastern Boys est un film de climats, qui subvertit avec subtilité les genres auxquels il pourrait appartenir – comme ici le film de terreur, une terreur qui n’advient jamais, loin de ce que, par exemple, Haneke a fait dans Funny Games avec une situation semblable. Il en va de même avec l’histoire qui se développe ensuite entre Marek et Daniel. Marek revient voir Daniel, qui accepte de reprendre là où leur première rencontre les avait amenés : à des séances de sexe tarifé, chez lui. Mais, une nouvelle fois, le film ne s’oriente pas vers la direction la plus probable."

Alain Spira, Paris-Match : "Robin Campillo chausse une caméra quasiment documentaire pour capter le monde interlope des grandes gares parisiennes. Mais il change, avec sensibilité, de braquet pour nous entraîner dans le suspense d’une histoire où le cœur succède au corps, et où la morale finit par l’emporter sans faire sa fière. Clandestinement, comme une sans-papiers, en quelque sorte…"

Annie Copperman, Les Echos : "Autour d’une rencontre presque pasolinienne, avec sa dose de sexe, de violence et d’étrange tendresse, le réalisateur, tout en gardant une sorte de froideur d’entomologiste ou, du moins, un recul très maitrisé, parvient à nous déstabiliser sans cesse, et nous tient en haleine jusqu’à la fin. Il conjugue avec virtuosité, mais aussi rigueur, suspense policier, tableau presque factuel des réseaux de jeunes immigrés clandestins où loubards et gamins en détresse doivent obéir à des aînés à poigne, suspense policier, et dérangeante histoire affective au dénouement aussi inattendu qu’émouvante. Une réussite originale à laquelle contribue très largement l’interprète principal, Olivier Rabourdin, entouré de jeunes comédiens venus, comme leurs personnages, de l’Est, aussi inconnus qu’impressionnants de vérité."

Romain Blondeau, Les Inrockuptibles : "S'il témoigne d'un sens de l'écriture aiguisé et d'une redoutable intelligence politique, Eastern boys n'en est pas

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moins le film d'un grand styliste, qui s'élève du naturalisme pour inventer son propre monde,  à la lisière de l'onirisme. Il faut voir la manière dont Robin Campillo filme sa bande de sans-papiers, comme une meute sublime et irréelle, entre les ragazzi pasoliniens et les enfants maléfiques du Village des damnés de John Carpenter. De pures projections fantasmatiques, en somme, dont le cinéaste va peu à peu ôter les masques et révéler la vérité amère : celle de gamins sacrifiés, victimes d'un monde malade."

Cinéma Vox, 14 rue Victor Guichard, 89100 Sens.

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